Plossu Paris
Plossu Paris
Textes d’Isabelle Huppert et Brigitte Ollier
Éditions MarVal-rueVisconti
2018 — 445 pages au format 21 x 18 cm
Les Éditions MarVal-rueVisconti présentent une somme magnifique et rétrospective de l’œuvre photographique de Bernard Plossu consacrée, exclusivement pour ce livre, à la ville de Paris. L’auteur en parle ainsi :
Paris est la ville que j’ai habitée enfant, et elle a toujours beaucoup compté pour moi. J’ai toujours photographié Paris, même enfant, avec un Brownie flash en couleur ; puis je l’ai filmée en 8 mm et super 8…
Voilà un corpus couvrant une période de soixante années de photographies (de 1957 à 2017) ! Voyage topographique autant qu’historique auquel nous sommes conviés. Et certes, en plus d’un demi siècle, le monde a changé, ses automobiles, son architecture, son atmosphère… mais une constante demeure par l’émerveillement du regard amoureux du photographe depuis sa jeunesse jusqu’à aujourd’hui. Amoureux, le mot est-il trop fort ? C’est lui-même qui écrit :
Paris est une ville féminine, totalement, absolument (…) L’élégance des femmes, même avec trois fois rien, y est unique au monde. Paris est sensuelle, chic, gracieuse…
L’identification de la ville à une figure féminine se traduit de toutes les manières. Par les sujets, tout d’abord : nombreuses sont les élégantes saisies dans leurs mouvements fugaces, mais aussi et surtout par la délicatesse d’un regard qui n’est jamais prédateur. Architecture, ombres et lumières, et atmosphères constituent un portrait diffracté de mille manières. Bernard Plossu n’oublie pas ses frères de peine et de labeur, les ouvriers, les livreurs… Et par dessus tout, la figure du passant qui est peut-être l’alter ego du photographe.
Si la plupart des images sont en noir et blanc, bien reproduites en bichromie dans l’ouvrage, on y découvre aussi quelques superbes images en couleurs issues de tirages par le procédé de l’atelier Fresson.
La ville de Paris, plus qu’aucune autre, se prête à la flânerie et pour dresser son portrait, loin des clichés éculés, encore faut-il demeurer en quête de petits moments incisifs, et demeurer toujours en état de hasard photographique comme il le dit lui-même. Ce livre est le reflet sensible d’une ville autant que celui du regard d’un auteur qui de longue date n’a rien à prouver, mais à éprouver. C’est à ce partage du regard, de l’esprit et du cœur auquel nous sommes conviés par ce beau livre.
Laurent Brunet
Critique d’art indépendant et éditeur de la revue d’art Lisières